lundi 31 octobre 2016

Là où elle repose : journal de lecture (5/5)




 Mercredi 12 octobre
Je reçois enfin le livre gagné dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire organisés par Priceminister, cet événement maintenant devenu incontournable. Là où elle repose, c'est le dernier roman écrit par l'auteur d'Amélia. Je l'avais bien aimé, mais l'écriture trop jeunesse avec quelque peu ralenti ma lecture et mon engouement pour l'histoire. 


Vendredi 14 octobre
Dès les premières pages, je sais que ce roman sera différent du premier, je sais que je l'apprécierai davantage. L'écriture est beaucoup plus mature, plus fluide, plus entrainante. On est directement plongés dans cette abominable histoire de meurtre (?) d'un nouveau-né. On apprend également que notre personnage principal, Molly, qui va devoir couvrir cette affaire pour le journal local, a vécu un traumatisme il y a quelques années. J'ai un peu de mal parfois avec Molly. Son caractère m'exaspère de temps en temps. Elle ressasse continuellement cette tragédie en pensant qu'elle va de l'avant, mais elle ne semble leurrer qu'elle-même. Deux autres personnages sont mis en avant : Barbara et Sandy. J'aime la fragilité profonde de Sandy, ses espoirs si ancrés en elle, sa force de caractère plutôt incroyable pour une fille de 16 ans, même si on sait que c'est son passé qui l'a forgée de cette manière, elle a dû se battre pour en arriver là où elle est aujourd'hui. Barbara, quant à elle, est complètement folle, cela se sent dès le début. Elle veut tout contrôler, elle juge en permanence les gens qui l'entourent, sans une seule fois se remettre en question. Ces écarts entre les trois femmes sont bien menés et amènent de la diversité. Quand on change de chapitre, on change de "voix", on découvre de nouvelles choses sur l'une des trois, et cela entretient considérablement le suspense.


Lundi 17 octobre
Impossible de ne pas lire tous les jours. Même si je n'ai pas eu beaucoup le temps ce week-end, j'en lis petits bouts par petits bouts tant j'aime me plonger dans ce roman. Le rythme est tellement rapide grâce à tous ces changements dans la narration. D'abord au niveau des personnages que l'on suit, ensuite du point de vue de la présentation : page de journal sur internet ou sur papier, forum, journal intime (petit clin d'oeil bien entendu pour la présentation de cet avis), retranscription d'entrevue... J'adore cette diversité qui casse la monotonie et la normalité. Je trouve que les interventions sur le forum sont si réalistes que c'en est risible; les gens se permettent n'importe quoi derrière un écran.


Mercredi 19 octobre
Et voilà,  j'ai tourné les dernières pages de ce roman. Et même si j'ai repoussé au maximum ce moment, tant j'ai aimé me plonger dans l'histoire de cette petite ville des Etats-Unis, en compagnie de personnages parfois agaçants, parfois très attachants, parfois surprenants... dans tous les cas qui ne peuvent laisser indifférents, je devais bien un jour ou l'autre mettre un terme à cette lecture, découvrir le fin mot de cette histoire. Et quelle fin justement ! Je me suis dit, suite à la première révélation, oui c'est pas mal, mais bon j'ai vu mieux. Mais en fait on est trimballés de révélation en révélation, je n'ai pas arrêté d'être surprise et d'applaudir le coup de maître de Kimberley McCreight. Hélas ! toutes bonnes choses ont une fin, mais j'attendrai avec impatience le nouveau roman de cette auteure très surprenante.



Un grand merci à Priceminister et à Chapitre pour l'envoi de ce roman !

mardi 18 octobre 2016

Dans le miroir du Caravage : 4.5/5

Dès que j'ai été en âge de m'extasier devant une peinture, j'ai été complètement charmée par celles du grand Caravage. Elles m'ont toujours subjuguée, me laissant sans voix devant tant de grandeur, de vérité et de dureté. A plusieurs reprises (deux en réalité), j'ai tenté un roman qui parlait de cet artiste de génie. Mais rien n'y faisait, malgré mon intérêt pour lui, ces livres romancés n'arrivaient pas à me captiver et je les ai abandonnés tout simplement. Quand Babelio a proposé ce roman dans sa dernière Masse Critique, je me suis dit qu'il était fait pour moi, mais j'ai quand même eu un peu peur de me plonger dedans. Et pourtant...



Ce livre m'a complètement happée dans son monde. J'étais au côté du Caravage, j'entendais ses pensées, je ressentais ses émotions, je buvais ses paroles et j'admirais ses peintures. Je me suis sentie, le temps de cette lecture, proche de lui. Moi qui en connaissais si peu sur sa vie  (bien entendu, je connaissais les rumeurs et les grandes lignes),  ma soif d'en apprendre davantage a été plus que satisfaite. Les rouages politiques, religieux, artistiques de l'époque sont dévoilés petit à petit. Et c'est peut-être ce point qui pourrait rebuter les moins motivés. Le livre est dense, très dense... les informations fusent, les personnages foisonnent. Notre esprit est bousculé par un nombre impressionnant d'informations historiques, certes intéressantes, mais très nombreuses. Et c'est pour cette raison que je ne peux conseiller ce roman à une personne qui n'a aucun intérêt pour cette période historique ou pour Caravage, je pense qu'elle n'y trouverait aucun intérêt. Certes, on nous attire dans ce roman avec une intrigue presque policière puisque notre peintre tente de découvrir qui a tué son amie Anna, qui posait de temps en temps pour lui. Bien entendu, cette intrigue n'est qu'un prétexte à une histoire beaucoup plus passionnante : celle des dernières années de la vie du Caravage. Et quelle histoire ! La vie du peintre était loin d'être de tout repos, apprécié par de grands noms, il ne pouvait qu'être détesté en retour et cela lui porta préjudice lorsque tuant un homme important, il dû s’exiler à Naples et à Malte afin d'échapper à la colère de la famille du défunt et du pape.

Personnellement, je trouve que la vie du Caravage est passionnante. Mais ce que j'ai d'autant plus apprécié ici, c'est que l'auteur a essayé de faire des liens entre ses tableaux et sa vie. D'ailleurs, chaque début de chapitre est illustré par une de ses peintures et en couleurs s'il-vous-plait ! Je restai pratiquement dix minutes à l'observer dans le détail, parfois je revenais même dessus lorsqu'un élément important divulgué dans le chapitre y faisait référence. Comme il est expliqué dans la description du roman, l'un ne pouvait aller sans l'autre et cela n'ajoute que plus de richesses à cet ouvrage déjà bien riche en soi.

Suivre le Caravage dans ses pensées fut un exercice véritablement plaisant. On ne peut que s'attacher à ce personnage si ouvert, si intelligent, si ironique aussi de temps en temps et bien entendu si observateur. Quand il décrit les rues de Naples à un moment, j'ai retrouvé les mêmes impressions que j'avais ressenties durant mon propre voyage à l'intérieur des murs de cette ville. Je déambulais les rues à ses côtés, partageant ses souffrances et ses espoirs. Il est évident que l'auteur a su trouver les mots justes pour nous emporter dans cette période sombre de la vie de l'artiste. Et même si j'ai préféré les partages de la voix même du Caravage, les passages en narrateur externe nous permettait d'avoir une vision plus large et c'est d'ailleurs avec cette écriture que j'ai adoré découvrir les derniers instants de l'auteur, ceux que l'auteur a imaginés, ceux que j'espère tellement qu'ils furent possibles...



Un grand merci à Babelio et aux éditions HC 
pour cette belle découverte !

mercredi 12 octobre 2016

Le mystère Henri Pick : 4/5



Ce livre avait fait pas mal de bruit à sa sortie et j'avoue que pour une fois je n'ai pas pu résister à l'envie de me faire ma propre opinion, d'autant plus que le sujet m'a très vite attirée.

En parcourant une bibliothèque de livres refusés, une éditrice et un romancier (accessoirement son petit-ami) découvre le manuscrit d'un roman qui les charme instantanément. Une fois le livre publié, on commence à se poser des questions sur l'auteur, le fameux Henri Pick, qui tenait un restaurant et ne semblait avoir jamais eu la fibre littéraire. Je dois avouer que cette incursion dans le monde de l'édition était parfaite ! J'ai aimé découvrir l'envers du décors, les recettes d'un livre qui marche ou non, les retombées d'un tel succès, etc. J'ai trouvé cette partie passionnante et bien développée. Ma curiosité a été satisfaite sur ce point. 

Un deuxième élément que j'ai réellement apprécié c'est toutes les références culturelles disséminées à travers le roman. Les anecdotes étaient intéressantes et toujours pertinentes dans le contexte de l'histoire. C'était vraiment le petit plus de ce livre, une manière d'en apprendre davantage sur des artistes anciens ou récents et de tous horizons (musique, littérature...). 

Ce que je pourrais regretter le plus, bien qu'au fur et à mesure j'ai fini par m'y habituer, c'est cette écriture typiquement française, un peu impersonnelle, qui met une distance entre le lecteur et le récit/les personnages. Généralement, j'ai énormément de mal à m'attacher aux héros de l'histoire avec ce genre d'écriture et j'avoue qu'ici ça n'a pas manqué. C'est un peu dénué d'émotions, de sentiments (excepté quand l'ex-femme du bibliothécaire raconte son passé, c'est le moment qui m'a le plus touchée). L'entièreté du roman semble emprunt d'ironie et même si ce procédé est amusant, on ne s'attache pas à cette histoire comme on le ferait pour un roman qui parle au coeur et moins à la tête.

Enfin, terminons par la fin, le dénouement final, l'ultime révélation que j'ai tout simplement... a-do-rée. Même si pour moi c'était un peu attendu ou alors c'est ce que j'espérais, je ne sais pas trop. Mais dans tous les cas, je la trouve parfaite comme ça, censée, finissant sur une note un peu ironique (toujours) :  une fois que tout a été chamboulé, difficile de retourner en arrière...