A la base, j'ai téléchargé ce film sans grande conviction,
persuadée que j'allais un peu m'ennuyer. Mais n'ayant rien d'autre sous la
main, je me suis résolue à le regarder. Encore un peu et j'étais prête à
le supprimer, le laissant aux oubliettes.
Laissez-moi vous dire que j'aurais fait une belle connerie.
Laissez-moi vous dire que j'aurais fait une belle connerie.
L'autre jour encore, avec mes parents, on se demandait
comment une nation avait pu en arriver à un tel stade (j'en parlais un peu dans
l'article sur Eric-Emmanuel Schmitt). On émettait quelques hypothèses évidentes
alors qu'en soit, il suffisait de regarder ce film pour le voir en action.
Tout partait d'un projet.
L’Allemagne pourrait-elle un jour retomber sous une
dictature ? C'est la question que pose un professeur à ses élèves. Non,
répondent-ils tous en coeur. On leur serine assez souvent que leurs grand-parents
étaient tous des nazis, des fachos, des meurtriers.
Et pourtant...
Le projet, c'était de leur montrer que collectivement, on
peut arriver plus loin. L'entraide nous fait progresser.
A la base, c'était quand même une belle valeur. Et la manière dont certains en parlent est plutôt positive : la religion, la race... tout ça n'a plus d'importance, nous sommes tous égaux.
A la base, c'était quand même une belle valeur. Et la manière dont certains en parlent est plutôt positive : la religion, la race... tout ça n'a plus d'importance, nous sommes tous égaux.
Mais ce projet au début si positif, c'est rapidement
transformé en une nouvelle dictature.
Une communauté complètement élitiste, n'acceptant dans leur rang que les leur. Et cette communauté s'agrandit et s'agrandit. Les gens adhèrent à ce projet, ils se sentent appartenir à un groupe qui les rend spéciaux.
Une communauté complètement élitiste, n'acceptant dans leur rang que les leur. Et cette communauté s'agrandit et s'agrandit. Les gens adhèrent à ce projet, ils se sentent appartenir à un groupe qui les rend spéciaux.
Les « infidèles », tous ceux qui ne rentrent pas
dans le rang, sont mis à l'écart. Tout ceux qui se révoltent sont bâillonnés.
Plus aucune place pour la liberté de penser différemment.
Ce qui est fou, c'est de voir les événements s'enchaîner crescendo comme une énorme vague qui déferle sur une société, ici l'enceinte d'une école.
Ce qui est fou, c'est de voir les événements s'enchaîner crescendo comme une énorme vague qui déferle sur une société, ici l'enceinte d'une école.
Le mouvement part de rien et puis plus personne ne contrôle
plus rien. On a un prof qui reste aveugle face au déferlement d'actes insensés,
trop préoccupé par l'accomplissement de quelque chose. Et puis c'est trop tard
et on en arrive à cette scène finale fabuleuse. On est face à Hitler parlant à
son peuple. Le projet est amené à son paroxysme et puis la désillusion qui s'en
suit sera fatale.
Se sentant appartenir à une communauté, se sentant vivant à
travers certains idéaux, tout le monde perd la notion du bien et du mal. Ils
suivent comme des moutons celui qui a instauré le mouvement et qui de facto en
est le chef.
Je suis encore sans voix. Très honnêtement, quand on voit
une classe d'environ 25 – 30 élèves et que deux seulement n’adhéreront pas à ce
mouvement, on ne peut que s'interroger sur les raisons. Problèmes familiaux,
solitude, naïveté, besoin d'affirmation, besoin de l'acceptation sociale, rage
vis-à-vis des inégalités sociales... Les raisons sont multiples d'où ce nombre
impressionnant de personnes qui se laissent guider par cette vague et qui
éprouvent une fierté en y étant insérées.
Mais en soi qui pourrait jeter la première pierre ? On
est pris dans ce mouvement; on est rejeté, montré du doigt comme des pestiférés
quand on n'y appartient pas. Alors oui, j'aimerais vraiment me dire que si
l'expérience avait été faite sur moi, j'aurai été assez forte pour me dégager
de cette pression sociale. Mais il me semble évident que j'aurais adhéré au
début, comme chaque élève d'ailleurs. J'espère seulement que j'aurais eu le
recul nécessaire, l'esprit critique suffisamment aiguisé pour dire stop !
lorsque les choses commencèrent à dégénérer.
Ton article me donne envie de découvrir ce film (dont je n'avais jamais entendu parlé ... honte à moi).
RépondreSupprimerN'hésite pas, il est vraiment étonnant ;). Il n'y a pas de quoi avoir honte, on a parlé un peu de ce film mais pas tellement je trouve :s (en tout cas, pas assez)
SupprimerBel article ! J'avais vu ce film il y a un an et demi, pareil je voulais voir ce qu'il avait dans le ventre puisque je n'avais plus rien à me mettre sous la dent. Et là... PAF ! Sans voix. Pareil. Juste speechless.
RépondreSupprimerEn tout cas, je suis contente que d'autres ont ressenti les mêmes impressions que moi :). Et j'étais vraiment comme toi, sans voix !
SupprimerJ'ai lu le roman et j'avais adoré ...
RépondreSupprimerAh oui en effet, je l'avais oublié. Je l'ai reçu mais je n'ai pas encore eu le temps de le lire. Dommage, ça aurait peut-être été mieux de découvrir le livre avant.
SupprimerUn de mes films préféré. Je suis ressorti sans voix de la salle de cinéma...
RépondreSupprimerMarine
Pareil :). Ca fait plaisir ce genre de film !
SupprimerJ'ai vu ce film avec ma classe d'allemand au lycée (en VO bien entendu^^) et, pareil, j'etais ressortie de là avec 150 millions de choses dans ma tête ! C'est incroyable de voir justement cet effet vague envahir d'un coup tout le monde et prendre autant d'ampleur... Tu m'as donné envie de le revoir, tiens !
RépondreSupprimerMerci :). J'ai été tellement bluffée en le voyant, c'est fou je trouve. Et puis, je suis contente que beaucoup d'autres ont ressenti la même chose que moi, parce que ce film en vaut vraiment la peine !
SupprimerJ'ai moi aussi été captivée par ce film! Effrayant...
RépondreSupprimerEffrayant, en effet, de voir comment c'est tellement facile de créer ce genre de mouvement...
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